Libye 2011 : le bilan des raids d'hélicoptères à partir de la mer

40 raids d'hélicoptères lancés à partir des navires porte-hélicoptères français, 550 objectifs détruits en territoire libyen


Hélicoptère d'attaque Tigre devant le BPC Tonnerre
(Photo EMA)
Hélicoptère d'attaque Tigre, face au navire d'assaut amphibie BPC Tonnerre

 

Les hélicoptères de l'Aviation légère de l'armée de Terre (ALAT), embarqués à bord des deux BPC Mistral et Tonnerre qui se sont relayés au large de la Libye, ont effectués 90% des frappes par hélicoptère de la coalition (le reste revenant aux Apache britanniques embarqués sur le porte-hélicoptères HMS Ocean) au cours d'une quarantaine de raids, lesquels ont permis de détruire 550 objectifs. Les hélicoptères Gazelle ont lancé 430 missiles HOT pendant que les Tigre ont tiré 1500 roquettes.

 


Les premières frappes de l'ALAT à partir des nouveaux porte-hélicoptères français

L'engagement d'hélicoptères de combat à partir de la mer est bien adapté à la géographie de la Libye, où toute l'activité humaine se concentre principalement le long de la côte. Les hélicoptères pouvaient donc être déployé à partir d'un navire d'assaut amphibie BPC (Bâtiment de projection et de commandement) - qui trouve là sa véritable vocation de combat - et ce, d'autant plus que la France en possèdant deux (le Tonnerre et le Mistral) et qu'il était donc possible d'assurer des relèves.

Ces nouveaux bâtiments (un troisième, le Dixmude, devrait rejoindre la flotte l'an prochain) n'ont pas déçu. à la fois navires de commandement et porte-hélicoptères d'assaut, plates-formes pour des opérations amphibies et hôpitaux flottants, ils ont prouvé leur polyvalence.

Un détachement d'hélicoptères composé de 18 hélicoptères de l'ALAT (8 Gazelle Viviane Hot, 2 Gazelle Canon, 2 Gazelle Mistral, 2 EC665 Tigre et 4 SA330 Puma provenant de toutes les unités ALAT) a été embarqué à bord du porte-hélicoptères d'assaut amphibie Tonnerre (L9014) le 17 mai 2011.

Le BPC Tonnerre est arrivé sur la zone d'opérations le 19 mai, et les hélicoptères ont été engagés à partir de la nuit du 3 au 4 juin 2011. Les hélicoptères sont transférés entre le 12 et 14 juillet sur le BPC Mistral (L9013) remplaçant le BPC Tonnerre. Entre le 9 et 10 septembre en Sicile, dans le port d'Augusta, un nouveau transfert est effectué entre le BPC Tonnerre et le BPC Mistral. La mort du colonel Kadhafi sonne la fin de l'opération "Harmattan", qui sera effective le 31 octobre 2011.

 

BPC Tonnerre
(Photo EMA)
Le navire d'assaut amphibie BPC Tonnerre. La France possède 2 navires de ce type, le Mistral et le Tonnerre, qui ont ainsi pu se relayer aux larges des côtes libyennes

BPC Tonnerre
(Photo EMA)
  BPC Tonnerre
(Photo EMA)

 


Des opérations près du sol et de nuit

Ces actions "aéroterrestres" à partir de la mer ont été appuyées par l'artillerie des frégates qui détrusiat les menaces sol-air ennemies. Cette action combinée est une première militaire française : jamais de tels raids d'hélicoptères n'avaient été conduit à partir de la mer et avec un soutien d'artillerie navale. Les armées ont montré dans cette affaire à la fois une grande maîtrise technique et leur caractère guerrier.

Les hélicoptères de l'ALAT agissent en groupe. Les moyens déployés sur le BPC permettent d'en composer deux identiques, avec pour chacun les matériels suivants :

  • trois SA342 Gazelle Viviane HOT Viviane avec missiles air-sol HOT
  • une SA341 Gazelle avec canon de 20 mm
  • une SA341 Gazelle avec missiles antiaériens Mistral
  • un EC665 Tigre HAP (appui-protection) équipé de roquettes et d'un canon de 30 mm
  • un SA330 Puma IMEX (IMmediate EXtraction) pour récupérer des pilotes qui auraient été abattus.

Les hélicoptères sont commandés à partir d'un PC volant (une Gazelle). Une mission type dure deux heures, dont trente minutes de route vers la zone des opérations, une heure de patrouille et de combat sur place et une demi-heure pour le retour.

Les hélicoptères français ne sont intervenus que par nuit noire et en volant à très très basse altitude. Des années d'entrainement au vol tactique ont ainsi été mise à profit. La défense libyenne n'est pas restée inerte. Très bien camouflée, les forces pro-Kadhafi ont riposté vivement avec des missiles portables SA-7 ou des canons de 23 mm ou de 14,5 mm. Ces tirs n'ont frappé aucune "voilure tournante", mais ont déclenché des tirs de leurres.

Les forces pro-Kadhafi ont été harcelées de manière impitoyable, comme en témoigne le nombre de munitions utilisées à chaque raid : une quinzaine de missiles HOT, environ 150 roquettes et autant d'obus de 30 mm. Les raids n'étaient pas des actions "tire et oublie" mais des actions dans la durée puisque la proximité du BPC permettait aux hélicoptères d'aller se ravitailler et de revenir plusieurs fois.

 

Hélicoptère d'attaque Tigre sur le pont d'envol du BPC Tonnerre
(Photo EMA)
Hélicoptère d'attaque Tigre sur le pont d'envol du BPC Tonnerre. Les attaques se faisaient principalement de nuit. De jour, les hélicoptères seraient trop exposés aux tirs ennemis. Les jumelles de vision nocturne et l'îlectronique à bord des appareils rendent possible ces opérations de nuit

Hélicoptère d'attaque Tigre au départ
(Photo EMA)
  Hélicoptère d'attaque Tigre au départ
(Photo EMA)
Hélicoptère d'attaque Tigre au départ

   
Hélicoptère d'attaque Tigre au départ
(Photo EMA)
  Hélicoptère d'attaque Gazelle HOT au départ
(Photo EMA)
    Hélicoptère d'attaque Gazelle HOT au départ

Pilotes avec lunettes de vision nocturne
(Photo EMA)
Pilotes avec jumelles de vision nocturne (JVN) montées sur le casque, gilet de sauvetage (en cas de crash au-dessus de la mer) et fusil d'assaut FAMAS (en cas de crash en territoire ennemi)

Briefing avant le départ en mission
(Photo EMA)
  Préparatifs avant le départ en mission
(Photo EMA)
Briefing et préparatifs avant le départ en mission

Hélicoptère Gazelle HOT au-dessus de la mer
(Photo EMA)
Hélicoptère Gazelle HOT au-dessus de la mer, de retour de mission, sans ses missiles HOT. Les missiles HOT sont des missiles filoguidés d'une portée de 4000 mètres. Moins à l'honneur que les nouveaux hélicoptères Tigre, les Gazelle étaient pourtant les seules à pouvoir tirer des missiles air-sol. Le Tigre n'est en effet pas encore opérationnel pour le tir de missiles, et se limite par conséquent aux tirs canon et aux tirs de roquettes

 


Sur le pont du porte-hélicoptères

Retour d'un hélicoptère Gazelle sur le pont du BPC Tonnerre
(Photo EMA)
  Retour d'un hélicoptère Gazelle sur le pont du BPC Tonnerre
(Photo EMA)
Retour d'un hélicoptère Gazelle sur le pont du BPC Tonnerre

   
Retour d'un hélicoptère Gazelle sur le pont du BPC Tonnerre
(Photo EMA)
  Rechargement en missiles air-sol HOT d'un hélicoptère Gazelle
(Photo EMA)
    Rechargement en missiles air-sol HOT d'un hélicoptère Gazelle

Rechargement en missiles air-sol HOT d'un hélicoptère Gazelle
(Photo EMA)
 
Rechargement en missiles air-sol HOT d'un hélicoptère Gazelle
(Photo EMA)
     
Hélicoptère Tigre sur le pont d'envol du BPC Tonnerre
(Photo EMA)
 
Hélicoptère Tigre sur le pont d'envol du BPC Tonnerre
(Photo EMA)
Hélicoptère Tigre sur le pont d'envol du BPC Tonnerre

   
Hélicoptère Tigre sur le pont d'envol du BPC Tonnerre
(Photo EMA)
 
Rechargement en roquettes d'un hélicoptère Tigre
(Photo EMA)
    Rechargement en roquettes d'un hélicoptère Tigre

Rechargement en munitions d'un hélicoptère Tigre
(Photo EMA)
 
Hélicoptères d'attaque Gazelle et Tigre sur le pont d'envol du BPC Tonnerre
(Photo EMA)
Rechargement en munitions d'un hélicoptère Tigre
 
Hélicoptères d'attaque Gazelle et Tigre sur le pont d'envol du BPC Tonnerre

 


Dans la soute du porte-hélicoptères

Une trentaine de spécialistes « cellule et moteur, avionique, armement, structure des aéronefs, contrôleurs et documentalistes techniques » s'activent autour des appareils. 700m3 de pièces, d'outillages et de documentations techniques permettent à ces soldats d'effectuer la maintenance et la réparation de l'ensemble des aéronefs.

 

Hélicoptères dans la soute du navire d'assaut amphibie BPC Tonnerre
(Photo EMA)
Hélicoptères dans la soute du navire d'assaut amphibie BPC Tonnerre, tous les appareils sont « saisinés » (attachés)

Hélicoptères dans la soute du navire d'assaut amphibie BPC Tonnerre
(Photo EMA)
  Hélicoptères dans la soute du navire d'assaut amphibie BPC Tonnerre
(Photo EMA)
     
Maintenance sur un hélicoptère Gazelle, dans la soute du BPC Tonnerre
(Photo EMA)
  Maintenance sur un hélicoptère Gazelle, dans la soute du BPC Tonnerre
(Photo EMA)
Maintenance sur un hélicoptère Gazelle, dans la soute du BPC Tonnerre

Maintenance sur un hélicoptère Puma, dans la soute du BPC Tonnerre
(Photo EMA)
  Maintenance sur un hélicoptère Puma, dans la soute du BPC Tonnerre
(Photo EMA)
Maintenance sur un hélicoptère Puma, dans la soute du BPC Tonnerre

Maintenance sur un hélicoptère Tigre, dans la soute du BPC Tonnerre
(Photo EMA)
  Maintenance sur un hélicoptère EC725 Caracal, dans la soute du BPC Tonnerre
(Photo EMA)
Maintenance sur un hélicoptère Tigre, dans la soute du BPC Tonnerre   Maintenance sur un hélicoptère EC725 Caracal, dans la soute du BPC Tonnerre

 


Hélicoptères d'extraction immédiate en cas de crash en territoire ennemi

A côté des hélicoptères d'attaque, quatre hélicoptères de transport SA330 Puma étaient destinés à récupérer des pilotes qui auraient dû se poser - accident ou tir adverse - sur le sol libyen.

Ces appareils ne sont pas destinés à la mission CSAR (Combat Search and Rescue - Recherche et sauvetage au combat), confiée aux hélicoptères Caracal embarqués sur le Charles de Gaulle, mais à la mission IMEX (IMmediate EXtraction). Une mission de RESCO nécessite des procédures et une préparation plus complexes, car prévu pour récupérer des pilotes d'avion de chasse en territoire ennemi ; l'opération n'étant lançé qu'après l'incident et une fois tous les renseignements réunis.

L'IMEX est une mission de récupération rapide d'équipage d'hélicoptères abattus ou accidentés sur des théâtres hostiles. Le but de la mission IMEX est d'accompagner les hélicoptères d'attaque et de récupérer les équipages posés au sol en cinq à quinze minutes. En cas d'intervention, le Puma IMEX arrive sur la zone pour faire débarquer les commandos. Certains assurent la protection du site pendant que les autres s'occupent de l'équipage. L'équipe se compose d'un chef et de son adjoint, d'un tireur de minimi, d'un tireur d'élite et de deux spécialistes médicaux. La mission doit être très courte, nous avons peu de temps pour extraire l'équipage en difficulté. Nous réalisons les soins médicaux d'urgence, les blessés seront ensuite pris en charge par l'hôpital embarqué à bord du porte-hélicoptères.

Après le retrait du porte-avions Charles de Gaulle, les 2 Caracal destinés au CSAR ont rejoint le BPC pour poursuivre leur mission au profit des pilotes d'avions de chasse de l'Armée de l'Air.

 

Hélicoptère SA330 PUMA IMEX
(Photo EMA)
  Hélicoptère SA330 PUMA IMEX
(Photo EMA)
Départ d'un SA330 Puma IMEX   Mitrailleur de porte à bord du SA330 Puma IMEX

Hélicoptère EC725 Caracal au-dessus de la mer
(Photo EMA)
Hélicoptère EC725 Caracal de l'Armée de l'Air, spécialisé pour les missions RESCO de récupération des pilotes abattus derrière les lignes ennemies

EC725 Caracal sur le pont du BPC Tonnerre
(Photo EMA)
  Hélicoptère EC725 Caracal à l'appontage sur le BPC Tonnerre
(Photo EMA)

 


Des hélicoptères américains à bord du porte-hélicoptères français

Du 1er au 03 octobre 2011, deux hélicoptères HH60G PaveHawk ont été accueillis sur le BPC Tonnerre, au large de Syrte.

Arrivés de Grèce en début d'après-midi le 1er octobre, les militaires de l'US Air Force ont été projetés sur le BPC Tonnerre par la coalition pour valider la capacité du navire à accueillir un détachement CSAR supplémentaire. L'objectif est de pouvoir renforcer ponctuellement, au plus près des côtes, cette capacité. Les Pave Hawk disposent notamment de la capacité de ravitaillement en vol, ce qui n'est pas le cas des hélicoptères français.

Pas forcément habitués à la vie en mer, les militaires américains se sont dits impressionnés par la confortable configuration du BPC français et la capacité d'accueil de son hangar hélicoptères. « Nous arrivons directement de la province du Helmand au sud de l'Afghanistan, où nous venons de passer quatre mois », explique le major José. La mission sur le Tonnerre a été l'occasion de nombreux échanges.

« Un pilote du 55th Rescue Squadron est actuellement affecté à l'escadron d'hélicoptères 01.067 Pyrénées », confie un commandant français. « Nous partageons les mêmes procédures.

La différence est que nos hélicoptères sont moins spacieux et plus anciens que le Caracal », exprime le captain Chris en souriant.

Le 3 octobre à midi, le détachement américain a quitté le BPC Tonnerre pour rejoindre la base militaire de Kalamata en Grèce. Sur le trajet, un tanker les a ravitaillés deux fois, au cours des quatre heures de vol qui les séparait du sol grec.

 

HH60 PaveHawk de l'US AirForce
(Photo EMA)
Visite de 2 hélicoptères HH60 Pavehawk de l'US AirForce, spécialisés pour la récupération des pilotes abattus derrière les lignes ennemies

HH60 PaveHawk de l'US AirForce
(Photo EMA)
  HH60 PaveHawk de l'US AirForce
(Photo EMA)

 

Dernière mise à jour le 29 décembre 2011




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